La cour du Mûrier à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris en 1866

Domaine

Peinture

Désignation

La cour du Mûrier à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris en 1866

Auteur

Lenoir Zélia

  • Date de naissance1842
  • Lieu de naissanceParis (France)
  • Date de décès1919
  • Lieu de décèsParis (France)
  • Notice biographiqueZélia Lenoir a appris les rudiments du dessin auprès du jeune Albert Besnard, futur grand prix de Rome et directeur de l’École des beaux-arts, ami d'enfance du frère de Zélia, Alfred Lenoir, sculpteur, futur élève de l’École. L'Ecole possède un buste de leur père, Albert Lenoir par Alfred Lenoir. Zélia est surtout la petite-fille d’Alexandre Lenoir, conservateur, sur l’emplacement actuel de l’École, du Musée des monuments français et la fille de l’architecte, historien, professeur d’architecture et, brièvement, secrétaire perpétuel de l’École des beaux-arts en 1862 ; la réforme de 1863 fit disparaître la fonction au profit de celle de directeur. Demeurant secrétaire de l’École réformée, Albert Lenoir, sa femme et ses enfants conservèrent le droit d’être logés par l’École ; à cette époque, les logements de fonction se trouvaient sur la cour du Mûrier.
    De génération en génération, tous les Lenoir mâles furent donc élèves de l’École, ci-devant école de l’Académie royale, puis spéciale, royale ou impériale des beaux-arts. Sous le second Empire, la fille de la famille ne pouvait accéder à l’enseignement de l’École, puisque les femmes durent attendre encore trois décennies pour s’y faire admettre, même si l’enseignement du dessin faisait alors partie de l’éducation, des filles comme des garçons. Élève d’autre façon dans l’enceinte de l’École, Zélia y peignit une seule fois la cour du Mûrier. Elle épousa en 1874 un élève de son père, l’architecte lauréat du grand prix de Rome Louis Boitte. Le couple habita un appartement sur la Cour du Mûrier. Leur fille fit don du fonds d’agence de Louis Boitte à l'État en 1959. Quelques dessins de Zélia Lenoir se trouvent au musée d'Orsay. Elle dessinait lors de ses voyages en Normandie, à Trouville en 1856, à Veules les Roses, séjour préféré des peintres russes itinérants en 1857, à Jersey en 1869, à Honfleur plusieurs fois entre 1900 et 1912, en Bretagne, à Vitré en 1865, Saint-Malo en 1908, dans le nord, à Cayeux en 1866, Ypres en 1871, Berck en 1912), en Aquitaine aux Eaux-Bonnes en 1913, en Bourgogne et en Franche-Comté (Clamecy en 1919, Mijoux en 1867)... La plupart de ces villes ou villages étaient prisés des paysagistes, peintres et décorateurs, à la différence des cours de l’École des beaux-arts, que les étudiants n’étudiaient guère et peignaient encore moins ; les dessins provinciaux de Zélia font actuellement partie des collections du musée d’Orsay, avec trois tirages photographiques de notre tableau. Les dessins représentant l’École des beaux-arts, la cour du Mûrier en particulier, versés par l'État au musée d’Orsay sont dus soit à la main, plus rigoureuse et plus froide, de Louis Boitte, soit à celle de Zélia Boitte..
  • Fonction / RôlePeintre
  • Fonction / RôleDessinateur
  • Référence bibliographiqueFroissart, 2012, Lenoir

Création

; Auteur

; Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts

Date de création

1866

Numéro d'inventaire

MU 12667

Nombre d'objets

1

Matière et technique

Huile sur toile

Mesures

Haut. en cm : 89

; Larg. en cm : 65

; Haut. avec cadre en cm : 106,5

; Larg. avec cadre en cm : 83,5

; Prof. en cm : 8,5

Inscriptions / marques

en bas à gauche

; Monogramme ZL et date 1866 en bas à gauche

Historique administratif

Actuel

Mu 12667 Achat Lardemelle

  • Numéro d'entrée dans les collectionsMu 12667
  • Date d'acquisition15/06/2018
  • Nombre d'objets1
  • Mode d'acquisitionAchat
  • Donateur, testateur, vendeurLardemelle Benoît de

Objet lié, appartenant à des collections extérieures

Lenoir, Zélia, Cour du Mûrier : Objet en rapport

Description

La peinture est antérieure à l’aménagement définitif de la Cour du Mûrier, aujourd’hui rythmée, à chaque arcade, par une copie d’antique, qu’a remise en valeur la restauration lancée en 2016-2017 par le ministère de la Culture. En leur absence, le Mûrier de Lenoir, l’arbre du progrès, planté sous la Révolution, s’interpose seul devant la nef de l’ancienne église des Petits-Augustins, traditionnellement appelée « chapelle de l’École des beaux-arts ». La jeune artiste amatrice de vingt-quatre ans a réuni dans son esquisse les moments héroïques de l’histoire d’un lieu - couvent, musée, école, qui furent aussi les moments de gloire de sa famille et inspirèrent une scénographie architecturale à la fois didactique et romantique.

Un lieu historique
La cour dite du Mûrier de l'École des Beaux-Arts occupe l'ancien cloître du couvent des Petits-Augustins, promis en voeu de Jacob par la reine Marguerite de Navarre. Le couvent, construit après la mort de la reine Margot, céda la place sous la Révolution au musée des Monuments Français, conçu par le peintre Alexandre Lenoir. En 1816, Louis XVIII ferma le musée et affecta le terrain à l'École Royale des Beaux-Arts; l'architecte François Debret, puis son beau-frère et élève Félix Duban complétèrent ou adaptèrent les bâtiments en plusieurs jardins, palais et cours d'inspiration italienne et romantique fondant une architecture historiciste à laquelle les historiens américains donnèrent le nom de beaux-arts. Avec ce tableau, Zélia Lenoir se situe dans une tradition qu’elle n’ignorait pas, celle des dessinateurs architectes du défunt musée des monuments français : Jean-Lubin Vauzelle, Alexandre Fragonard ou Hyacinthe Langlois avaient évolué vers l’archéologie. L’ancien couvent avait aussi profondément impressionné les élèves catholiques de David, Marius Granet, et les peintres lyonnais, Fleury Richard et Pierre Révoil qui en avaient tiré la fadeur et la niaiserie des représentations troubadour, scènes bien-pensantes de religieuses enfermées dans des couvents.
La vision monumentale tient plus au traitement coloré qu’à l’étude de perspective et de volume. Le découpage de l’arcade fut souvent utilisé par les peintres et photographes ; l'absence de personnages n’est pas véritablement caractéristique des dessins d’architectes des beaux-arts, qui peuplaient les restaurations de monuments antiques de silhouettes venues du temps passé. L’impression est celle d’un intérieur exigu, empli par un arbre et une fontaine, non d’un jardin. La fontaine, très géométrique, ne renvoie à aucune référence historique, apportant un ton italien moderne dans une composition romaine antique.
Un lieu inspiré
Au temps de Zélia Lenoir, le cloître devint un des lieux de promenade préféré des Parisiens. Pierre Champion, décrivant Mon [Son] vieux quartier en 1932, évoquait « Le cloître, aujourd’hui l’exquise Cour du mûrier, toute fleurie des grâces florentines ». Matisse et Rouault nous disent que Gustave Moreau y préparait son cours. Taine y conviait les touristes dans le Paris Guide pour l’exposition universelle de 1867 : « une petite cour verte bordée d’arcades. C’est un parterre peuplé d’arbustes et ceint de de lierres ; une fontaine murmure auprès d’un grand arbre ; en face est la Galathée de Raphaël, transportée sur pierre, en couleurs indestructibles. Tout alentour, de trois côtés, les piliers des arcades montent jusqu’au toit plat, bordé d’ornements et de petites têtes ; on pense à quelque loggia de la Renaissance, décorée d’après les souvenirs de Pompei. Les fonds, d’un rouge sombre, sont rayés de bandes jaunes, vertes, noires et blanches ; les chevaux et les cavaliers du Parthénon y courent à mi-hauteur ; un semis d’arabesques, des feuillages fins se penchent ou s’élancent dans la courbure des arcades. Le plafond bleu, traversé, de raies jaunes et ponceau, est barré de distance en distance par des poutres peintes de vert, de blanc et de rouge. » Après le passage d’Albert Lenoir, l’ancien cloître devint un modèle pour les musées américains, dont les célèbres cloisters de New York. Il fut souvent photographié, mais peu dessiné par les élèves de l’École. Un achat antérieur "La Cour du Mûrier et le monument à Henri Regnault" aquarelle de l’architecte Émile Camut (1877) mettait en valeur les couleurs romaines. Un seul concours fut proposé aux élèves dans la cour, le prix Jauvin de 1934 : "La remise de la Légion d’honneur à l’École des beaux-arts, pour le courage de ses élèves et professeurs pendant la Grande Guerre". Dans le tableau primé, celui de Lucien Fontanarosa, le chef de l'État, le directeur de l’École, la statue du Poilu, quelques officiers y sont croqués avec sympathie, figures d’une époque dénuée de grandeur : le génie de la cour ne leur confère aucune spiritualité. Zélia Lenoir au contraire évite l’anecdotique. Son arcade abrite l’histoire du lieu, de l’École, de l’intelligence parisienne.
Ce lieu discret, que les éditions Parigramme ont placé parmi les refuges insolites et jardins cachés de Paris au calme, a été restauré (2017-2018). C'est à cette occasion que l'Ecole a décidé d'acquérir une oeuvre qui ne viendra pas simplement compléter les innombrables collections scolaires. Les bâtiments, les décors, et même la composition en perspective sont mis en place par une artiste fille d’architecte, interdite d’enseignement, qui aura sans doute regardé, étudié et aimé l’École des beaux-arts avec plus de sensibilité qu’aucun élève ou professeur.

La cour du Mûrier constituait le cloître du couvent. Elle doit son nom au mûrier de la Chine qu'Alexandre Lenoir y planta, arbre symbolisant la progrès révolutionnaire. Elle se dissimule à droite de la cour d'honneur de l'École, venant de l’entrée par la rue Bonaparte. Félix Duban la transforma en 1836 en atrium pompéien, coloré et rafraîchi par un bassin. Les murs des galeries sont rythmés sur trois côtés par un moulage de la frise des Panathénées. Après le temps de notre peinture, des copies en marbre d’antiques et des monuments aux morts y ont été ajoutés, sans changer le climat créé par Duban, ainsi qu’en attestent différentes peintures et dessins, qui sont évoqués plus loin.

Sujet / thème

Cour d'école

Lieu représenté

Cour du Mûrier

Bibliographie

Froissart, 2012, Lenoir

  • Froissart, 2012, Lenoir
  • NotesFroissart , Jean-Luc : Alexandre, Albert et Angéline Lenoir : une dynastie en A majeur, 1761-1891 / Jean-Luc Froissart
    Adresse : [Paris] : chez l'auteur, DL 2012. Cote 25902

Exposition

1866, Paris : Salon

Collection antérieure

Collection privée

; Boitte Louis-François-Philippe