Jugement dernier - Copie
Domaine
Peinture
Désignation
Jugement dernier
Copie
Auteur
Sigalon Xavier
- Date de naissance1787
- Lieu de naissanceUzès (Gard)
- Date de décès1837
- Lieu de décèsRome (Italie)
- Notice biographiquePeintre, élève un temps de Guérin, protégé de Thiers, , copie à Rome en 1833. Certains auteurs le font naître en 1788 et 1797. En 2015, dans son roman Objet d'amour (Flammarion), René de Ceccatty a fait de Sigalon un modèle du Joseph Bridau de Balzac et le partenaire romain de Henri Beyle, face au Jugement dernier de Michel-Ange.
- Fonction / RôlePeintre
- Référence bibliographiqueBénézit, 1999, Dictionnaire
Création
; Thackeray écrivait : "Dans cette même École des Beaux-Arts où abondent tant de pâles imitations de l’antique, Monsieur Thiers (qu’il en soit remercié) a fait placer une copie grandeur nature du Jugement dernier de Michel-Ange ainsi que de nombreux moulages des statues dues à cette main géniale. Voilà le sublime, que cela vous plaise ou non.À examiner l’étonnante peinture du Jugement, ou même une seule de ses figures, le spectateur éprouve quelque chose qui ressemble à de la souffrance." La décision d’orner la nef de l’église par cet hommage à Michel-Ange, prise en 1834, répondait à l’esprit du Romantisme tonitruant du temps et du quartier : Stendhal fut le premier à réclamer pour Paris cette leçon artistique, le jeune ministre Adolphe Thiers et Alexandre Dumas en débattirent. Eugène Delacroix, élève de l’École, fut pressenti, déclina l’offre, mais approuva l’initiative, encouragea son artisan et vanta sa réussite. C’est le peintre Xavier Sigalon [ou Sigallon (1788-1837) qui fut envoyé à Rome. Il y réalisa, en trois laies, une toile de 11,90 x 12,85 mètres, à peine plus petite que la fresque.
Les toiles d’une telle dimension ont toutes été roulées en France : cette peinture demeure la plus grande toile sur châssis française visible. Sigalon peignit dans la Sixtine, puis déposa aux Thermes de Dioclétien les trois grandes laies. L’entreprise épuisante de Sigalon attira les curieux de tout Rome, dont le pape Grégoire XVI, qui lui accorda une prime et une pension. Ses progrès furent surveillés par le directeur de l’Académie de France à Rome, Ingres. Après trois ans et demi de labeur, il mourut du choléra.
À Paris, lorsque fut tendu, à l’été 1837, le Jugement dans la chapelle de l’École, il suscita les plus importantes questions d’histoire de l’art, qui continuent de nous hanter. La première touchait aux pudenda des saints et des damnés. On remarqua que Sigallon les leur avait restitués (avec la bénédiction du pape). On sait qu’originellement, l’artiste n’avait pas dénudé tous les corps : les observateurs de 1837 purent se demander sur quels principes ou quelles observations le copiste s’était fondé pour distinguer les ajouts des braghettone italiens. Sous la plume de Delacroix, dans les murs de l’École, éclata le débat entre Raphaël et Michel-Ange : Ingres avait fait copier les peintures des Loges du Vatican par ses propres élèves et leurs belles (petites) toiles couronnent encore les couloirs de l’École, comme les copies de Michel-Ange dominent les salles les plus prestigieuses. Delacroix contre Ingres, Romantisme contre classicisme, c’est cet affrontement qui résonne au fond de la nef et dans l’enseignement de l’École.
Les spécialistes remarquèrent aussi que Sigalon avait présenté un Jugement d’un coloris noir, peut-être même plus noir que la fumée qui avait accompagné l’élection du Saint-Père pendant trois siècles : Sigallon avait respecté la sainte poussière qui encrassait l’oeuvre. Une restauration moderne ferait renaître et ressentir, par ce coloris, le goût et l’esprit du Romantisme noir parisien regardant la sombre peinture. Delacroix retrouva, pour analyser à travers la copie de Sigallon la pédagogie artistique, les grandes théories du XVIe siècle, il voyait naître d’elle soit l’aspiration au sublime, la terribilità, soit la "manière". Le Jugement dernier, pendant près d’un siècle, contribua le mieux à faire considérer l’École comme un musée. Du monde entier, des Etats-Unis d’Amérique en particulier, affluèrent les étudiants qui ne venaient pas seulement apprendre le goût français, mais dessiner dans tous les bâtiments d’après les modèles qui leur étaient proposés. Après 1968, la désaffection pour l’École ancienne entraîne la fermeture de la chapelle. Des infiltrations d’eau ont produit des dommages graves qui soulignent l’empoussièrement de la peinture. La toile est crevée en plusieurs endroits, les laies se décousent.
Date de création
1833
Auteur
Michel-Ange
- Date de naissance1475
- Lieu de naissanceCaprese (Italie)
- Date de décès1564
- Lieu de décèsRome (Italie)
- Notice biographiqueLa question de l'influence de Michel-Ange sur l'Académie royale puis sur l'Ecole des beaux-arts doit être liée à la réception de Michel-Ange par l'art français et la sensibilité française, analysée de façon générale par André Chastel. dans "Michel-Ange en France", Fables, Formes, Figures, Paris, Flammarion, 1978, 2 vol., II, p. 189-206.
On se reportera en particulier au dossier documentaire de Sigalon : Dezallier, Roger de Piles, Stendhal, Lenoir, Thiers, Géricault, Gatteaux, Peisse, Delacroix, Michelet, Ingres, Barrias, Carpeaux, Delaroche, Th. Gautier, Baudelaire, Taine, Rodin, Duban, Thackeray, Baudry, Emile Ollivier, Eugène Guillaume, Eugène Müntz, Anatole France, Anatole de Montaiglon, Gustave Moreau, à des titres divers et par des approches différentes, ont connu et jugé Michel-Ange en référence à l'enseignement de l'art à Paris, ou à la lumière de la décoration ou des collections de l'Ecole, ainsi qu'à travers la confrontation avec Raphaël dans les bâtiments de la rue Bonaparte.
Tous évoquent, souvent en les nommant, les copies, moulages, dessins ou toiles qui appartiennent encore à l'Ecole des beaux-arts.
Quelques architectes ont de leur côté, lors de leur séjour en Italie, fait le pélerinage de Michel-Ange à Florence et Rome. Dedéban, Blouet en ont rapporté des dessins.
Création
; D'après
Numéro d'inventaire
MU 2371
Nombre d'objets
1
Matière et technique
huile sur toile
Mesures
Haut. en cm : 1190
; Larg. en cm : 1285
Historique administratif
Actuel
MU 2371 Achat après commande
- Numéro d'entrée dans les collectionsMU 2371
- Mode d'acquisitionAchat après commande
- Commande de Thiers, ministre de l'Intérieur. Voir dossier d'oeuvre pour les détails.
Commande de Thiers, ministre de l'Intérieur. Voir dossier d'oeuvre pour les détails.
Date d'entrée / prise en charge du bien
17/10/1884
Objet lié, appartenant à des collections extérieures
Michel-Ange, Le Jugement dernier
Observations
Voir Stendhal : Voyages en France, éd. Victor Del Litto, Paris, Gallimard, 1992 (bibliothèque de la Pléiade), I., p 124: "La France a produit Le Sueur et Prud’hon, et parmi nous Eugène Delacroix : l’on n’y est pas totalement privé de quelque lueur de goût naturel pour l’art. On y juge les tableaux un peu par soi-même, quand toutefois l’Académie ne leur ferme pas l’entrée du Louvre. Aussi le Jugement dernier de Michel-Ange, tolérablement copié par M. Sigalon, et qu’on a exposé en août 1837, n’a-t-il obtenu aucune espèce de succès. Si le peintre, auteur de la fresque, eût été inconnu, le Jugement eût été sifflé. Rien de plus simple ; le Français aime les petites miniatures léchées et spirituelles.
Dans cette même église des Petits-Augustins, où l’on voit un grand homme [Alexandre Lenoir] exposé aux barbares, on a placé, dans un coin, le plâtre d’un buste de Michel-Ange, fait, je pense, vers 1560. Si vous voulez voir la différence des génies français et italien, allez au musée du Louvre ; à six pas de la porte, en entrant, vous trouvez un buste français de Michel-Ange. C’est un tambour-major qui se fâche. Il est contre le génie des Français de reconnaître l’idée qu’ils se font de Michel-Ange, et de l’importance qu’il devait se donner, dans l’homme mélancolique et simple de l’église des Petits-Augustins.
Stendhal prétend avoir vu le Jugement dernier le 4 juin, alors que l’inauguration est du mois d’août. Il la voit pour la première fois en septembre 37 (Journal, Oeuvres intimes, Pléiade, II, p. 300.) Style petit, mesquin, étroit, copie plus courte de quatre pieds par la bêtise de M. Thiers. Quoi de plus facile que de creuser 4 pieds, ou d’élever de 4 pieds!"
Mémoires d’un touriste, I, 228, à propos de Sigalon : "Style petit, mesquin, étroit."
Voir enfin l'Article Sigalon par Stendhal, dans sa Critique amère du Salon de 1824 par M. Van Eube de Molkirk, réédition 2002, Salons de Stendhal, chez Gallimard, par St. Guégan. VIe article, 7 octobre 1824 (p. 92, rééd. Stéphane Guégan). Stendhal recommande à Sigalon de partir eu Italie.
Bibliographie
AJ 52 0014
- AJ 52 0014
- NotesAJ 52 0014
F 21 613
- F 21 613
- NotesF 21 613
F 21 1420
- F 21 1420
- NotesF 21 1420
Bonfait, 2003, Maestà di Roma
- Bonfait, 2003, Maestà di Roma
- NotesMaestà di Roma : da Napoleone all'unità d'Italia : d'Ingres à Degas : les artistes français à Rome / commissaire général Olivier Bonfait. - Milano : Electa, 2003
Cote : EX9330
Ceccatty, 2015, Objet d'amour
- Ceccatty, 2015, Objet d'amour
- NotesObjet d'amour / René de Ceccatty.- Paris : Flammarion, 2015.- 487p.
ISBN 978-2-0813-4381-8. notes, bibliogr. et chronol. pp. 319-487
2018, Paris : Dessiner d'après les maîtres
- 2018, Paris : Dessiner d'après les maîtres
- NotesDessiner d'après les maîtres : Cabinet des dessins Jean Bonna, Beaux-Arts de Paris, 30 janvier - 13 avril 2018 Commissaire de l'exposition et direction d'ouvrage, Emmanuelle Brugerolles.- Paris : Beaux-arts de Paris, copyright 2018.- 1 vol. (112 p.) : ill., couv. ill. ; 23 cm.- (Carnets d'études ; N 42) ; Notes bibliogr.- ISBN 978-2-84056-545-1.- EX10314 ; FE46
2021, Paris : Dessiner la lettre
- 2021, Paris : Dessiner la lettre
- NotesExposition. Paris. Beaux-Arts de Paris. 2021. Dessiner la lettre, écrire le dessin : [exposition, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, Cabinet des dessins Jean Bonna, 2021] commissariat et ouvrage sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles.- 1 volume (248 pages) : illustrations en couleurs, couverture illustrée en couleurs ; 23 x 20 cm.- (Carnets d'études ; 52)
Bibliographie pages 238-244. Notes bibliographiques. Index
ISBN 978-2-84056-813-1 (broché)
Facettes
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