Dibutade dessinant à la lueur d'une lampe le portrait de son amant, ou l'Invention du dessin - (Titre forgé)
Domaine
Peinture
Désignation
Dibutade dessinant à la lueur d'une lampe le portrait de son amant, ou l'Invention du dessin
(Titre forgé)
Auteur
Tournières Robert
- Date de naissance1668
- Lieu de naissanceCaen (Calvados)
- Date de décès1752
- Lieu de décèsCaen (Calvados)
- Notice biographiqueNommé adjoint à professeur le 28 sept. 1725.
Robert Levrac, dit Tournières, élève d’un peintre appartenant à l’ordre des Carmes, Luca Delahaye, rencontre à Paris Bon de Boullogne, copie les Hollandais, travaille pour Hyacinthe Rigaud. Il est admis à l’Académie de Saint Luc puis une première fois à l’Académie royale comme portraitiste, le 24 mars 1702 (Portraits de Corneille et Monier, Musée du château de Versailles), et enfin, comme peintre d’histoire, le 24 octobre 1716 (Procès-verbaux, III, p. 339 et IV, pp. 181, 226 et 232). Pendant trois décennies, Tournières fut un portraitiste à succès, produisant des figures à la manière de Rigaud ou d’un caractère hollandais marqué, le plus remarquable étant celui de l’orfèvre Nicolas Delaunay et de sa famille (Caen, Musée des beaux-arts, vers 1705). La carrière de Tournières comporte quelques surprises : il peint en style rococo Ferdinand Adolf, comte von Plettenberg et sa famille en 1727 (Budapest, Szépmüvészeti Múzeum) puis, ruiné, renonce à son art. L’histoire est rapportée par les Anecdotes des beaux-arts (vol. 2, p. 217) de Nougaret citant D’Argenville : "sur la fin de ses jours, Tournières se retira à Caen, sa patrie, & ne voulut plus reprendre le pinceau, quelques instances qu’on pût lui faire : son unique occupation etoit d’aller à l’église réciter l’office, qu’il disoit régulièrement tous les jours."
Tournières, pour être reconnu comme peintre d’histoire, offrit ce morceau, le troisième signé de lui. Il réduisit cependant au minimum son devoir supplémentaire, puisque si les deux portraits présentés en 1702 étaient au moins de dimensions raisonnables, le panneau qui les rejoignit en 1716 est minuscule. Les deux portraits, ceux d’un académicien fondateur mort depuis longtemps et promis à un oubli durable, Michel Ier Corneille, et d’un autre encore vivant mais tout près de sa fin, Pierre Mosnier, donnaient une leçon de modestie aux membres de la compagnie ; l’anecdote contée par le tableau de 1716 suggérait qu’une ombre sur un mur vaut mieux qu’une pensée médiocre sur une toile. - Fonction / RôlePeintre
- Fonction / RôleProf. Acad. royale peint. et sculpt.
- Référence bibliographiqueMontaiglon, Procès-Verbaux
- Référence bibliographiqueVitet, 1861, Académie royale
- Référence bibliographiqueBénézit, 1999, Dictionnaire
Création
Numéro de dépôt
Pture MRA 104
Autre numéro
Louvre (inventaire du) : 8195
Nombre d'objets
1
Matière et technique
Huile sur panneau de bois
Mesures
Haut. en cm : 49,5
Larg. en cm : 34,5
Particularité(s) de forme, de reliure ou d'exemplaire
Cintré
Historique administratif
Actuel
MU 2626 Dépôt de l'Etat Musée du Louvre
- Numéro d'entréeMU 2626
- DéposantMusée du Louvre
Dépôt de 1872
Récolement de la Cour des Comptes des dépôts du Musée du Louvre, 1994
Description
Le sujet est tiré de Pline l’Ancien (Hist. Nat., XXXV). Le récit latin est précis pour qui le lit, mais ceux qui ne le lisent pas, qui sont le plus grand nombre, confondent les actions et fonctions des personnages. À Corinthe, la fille du potier Butadès de Sicyone reçoit la nuit son amant dans sa chambre et dessine sur un mur son contour ombré, parce qu’il part en voyage et qu’elle veut garder une image de lui. Le lendemain, le père de la jeune femme plaque de l’argile sur le dessin et invente ainsi, selon les interprétations, soit la représentation du visage en relief, soit l’utilisation de ce relief comme tuile, soit la manière de prendre un moulage ; en aucune façon ni hypothèse, il n’invente le dessin.
Le titre allégorique de la peinture, qui condense trois millénaires d’histoire de l’art, parut suffisant à la Compagnie. Le panneau est tellement sombre qu’il est bien difficile d’y voir de quoi il retourne : « l’origine du dessein par la femme de Corinthe qui, à la lueur d’une lampe, trace le profil de son mary, lequel tableau, ledit sieur Tournière, quant il sera finy, doit donner à l’Académie pour sa réception. » L’impétrant soigna son petit tableau, puisqu’il prit deux ans, jusqu’au 24 octobre 1716, pour le terminer, sans l’agrandir le moins du monde, et malgré la résistance généralement manifestée par les académiciens à toute forme d’ironie, lorsqu’ils en étaient les victimes, le rédacteur estima que le tableau de réception était "très-petit". Les erreurs de titre ont été perpétuées par les historiens d’art : ni Dibutade le père, ni le mari qui ne l’est pas encore, n'est figuré par l’ombre portée, mais l’amant dont le nom n’est pas donné par Pline.
Ni la jeune fille de Butadès ni personne ne s’appelle ni ne s’appela jamais Dibutade : ce nom qui ne peut être grec est né d’une fausse lecture de "Butadès".
Reste le joli conte, avec l’antique Juliette qui ne peut se résoudre à perdre totalement son Roméo. Entre elle et lui, dans le noir, les gestes et les regards se croisent et se manquent. Ils sont veillés par un petit Amour à peine visible. Tournières, au lieu de peindre le grand art naissant, offrit à l'Académie royale de peinture et de sculpture deux nigauds.
Destination, Concours, Travaux scolaires
Morceau de réception à l'Académie royale
; Morceau de réception à l'Académie royale
1716
Bibliographie
Dezallier d'Argenville, 1781, Description
- Dezallier d'Argenville, 1781, Description
- NotesAntoine-Joseph Dezallier d'Argenville, Description sommaire des ouvrages de peinture, sculpture et gravure exposés dans les salles de l'Académie Royale, Paris : De Bure père, 178. Cote : 00009 A 0016. Reprint, avec Guérin, Nicolas. Description de l'Académie royale des arts de peinture et de sculpture, Réimpression des éditions de Paris, 1715 et 1781. Genève : Minkoff Reprint, 1973.
Cote : 21402.
Montaiglon, Procès-Verbaux
- Montaiglon, Procès-Verbaux
- NotesMontaiglon, Anatole de /Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Paris, 1875-1892, 10 vol.
Fontaine, 1910, Collections Académie
- Fontaine, 1910, Collections Académie
- NotesA. Fontaine, les Collections de l'Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, 1910, rééd. 1930
Pommier, 2003, Il ritratto
- Pommier, 2003, Il ritratto
- NotesIl ritratto : storia e teorie dal Rinascimento all'Età dei Lumi / Edouard Pommier. - Torino : Einaudi, 2003.
Cote : 24894
Exposition
2014, Caen : Tournières
Cat. 8, reprod. p. 55
2009/2010, Paris : L'Ecole de la liberté
Cat. n°91
1982/1983, Dijon : Peinture dans peinture
n°122 repro.
Facettes
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